65ème anniversaire de la République, 5 ème année d’existence de Bâtir la République (B.R.) : “Pour l’avènement de la 5ème République”.

Madagascar a adopté la forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir émane du peuple et exercé par des représentants élus: La République. Le terme « république » vient du latin « res publica », ce qui signifie « chose publique » ou « bien public ». La Première République de Madagascar est née le 14 octobre 1958 sur la base du modèle de la Vème République Française.

Philibert Tsiranana – Président de la 1ère République

Plusieurs évènements ont depuis amené à des changements ou adoptions de nouvelles Constitutions, entraînant un passage vers de nouvelles républiques. La dernière en date est entrée en vigueur le 11 décembre 2010 durant la Transition, et suite à son élection lors des élections de 2013, Hery Rajaonarimampianina devint le premier Président de la Quatrième République de Madagascar.

Une République peut varier d’un pays à l’autre en fonction de sa constitution et de ses institutions politiques. Elle peut être populaire, démocratique, comme ce fut le cas de la deuxième République pour Madagascar. Par ailleurs, une République peut avoir différents modes de fonctionnement : un régime présidentiel, un régime parlementaire, ou un régime semi-présidentiel comme le cas de Madagascar.

Dans la construction du pays, entre autres, au moins deux principaux éléments sont à considérer pour Madagascar: 

  • Madagascar est considérée comme un État-Nation, bien que la situation puisse être complexe et nuancée. Si Madagascar est reconnu sans ambiguïté comme un Etat souverain, la question de la Nation à Madagascar est plus complexe et doit être une priorité. En effet, l’île est habitée par une population diverse comprenant différentes ethnies. Ces groupes sont un mélange de populations d’origines austronésiennes et est-africaines. Si, au fil du temps, une identité nationale malgache s’est développée, caractérisée par le partage d’une histoire commune, d’une langue officielle (le malgache) et de certaines traditions culturelles partagées;  cette diversité ethnique est souvent instrumentalisée par certains politiciens pour conquérir le pouvoir.
  • A chaque changement de Régime, Madagascar a traversé des crises politiques, souvent violentes. Les divers régimes de transition qui se sont succédé n’ont servi qu’à préparer à des partages d’intérêts et de sièges entre forces vives, bien plus que pour l’intérêt de la Nation. Ainsi, diverses questions se posent : quelles formes de République appropriée pour Madagascar ? Comment devrait se décliner le concept de République dans les institutions malagasy, ou la démocratie électorale à l’occidentale est-elle adaptée à la culture politique des Malgaches ?

Pour commémorer le 60ème anniversaire de la création de la République malagasy, B.R. a organisé la Semaine de la République du 14 au 20 octobre 2018 à la Gare Soarano. Durant cette Semaine de la République, B.R. a exposé au grand public des photographies historiques et thématiques. Le photographe choisi, le feu Dany Be, a été des témoins d’événements clés de l’évolution de la République depuis 1958. Les plus jeunes y ont exposé leur vision sur des thèmes centraux de la société malgache actuelle : les différentes représentations de l’autorité et  la contestation populaire ainsi que l’expression populaire contemporaine. En marge de cette commémoration, B.R. a tenu un débat autour des grands thèmes fondamentaux de la société. Cette première édition de débat avait pour thème : “la République et la Citoyenneté”. il en ressorti les points suivants: 

  • Les citoyens se doivent de s’intéresser et d’entrer en politique pour pouvoir choisir, en connaissance de cause, des représentants appropriés; 
  • Une République doit considérer  les minorités et les vulnérables;
  • Dans une République, les citoyens sont égaux en droits; il en est de même pour toutes les ethnies et les couches sociales.

Conscient de la place des autorités traditionnelles, B.R. a organisé des échanges sur le sujet : “La place du pouvoir traditionnel dans le régime républicain” lors de la célébration du 61ème anniversaire de la République, c’est -à -dire lors la deuxième année des débats et échanges sur la République. En somme, les panélistes et les intervenants de la conférence de l’édition 2019 sont d’accord sur une idée : la République doit redonner sa place à l’autorité traditionnelle, à nous de trouver la forme la plus adaptée pour notre pays. Un des panélistes a insisté sur le fait que “le Malagasy doit bâtir sa République en tenant en compte sa propre culture pour éviter les crises identitaires cycliques qui ont frappé le pays ces dernières décennies” et que “le développement de Madagascar ne peut commencer que par la prise de conscience de l’identité culturelle des Malgaches”.

Les conférences et les débats des  éditions de Fianarantsoa et de Majunga, concernaient toujours le thème fondateur de “Bâtir la République” : la République et la citoyenneté. Les intervenants ont mis en exergue le rôle des citoyens dans une République et ont évoqué la nécessité de mettre en place des plateformes d’expression en adéquation avec l’évolution de la technologie. Pour ces intervenants, le changement commence par les citoyens. Ils ont évoqué l’importance du dialogue entre gouvernants et gouvernés et surtout le sens de redevabilité des gouvernants envers les administrés. Ces éditions mettaient en exergue le rôle des réseaux sociaux et des journalistes dans la participation citoyenne et dans l’exercice de la liberté d’expression en générale. Par ailleurs, dans une République, les lois offrent aux citoyens une liberté d’entreprendre au sens large. Ainsi, il faudrait sensibiliser les citoyens sur l’existence et le sens de ces lois, avec une incitation claire à investir, avant de les alourdir sur la liste de taxes et impôts à payer à l’Etat.

Conscient du rôle important joué par les ONG dans l’amélioration des conditions socio-économique de la population locale, BR a évolué en ONG depuis juillet 2020. Depuis, en plus d’agir au niveau global et politique, parmi ses activités figurent des appuis aux communautés locales pour renforcer les revenus des activités économiques afin de développer un commerce équitable et inclusif. Par conséquent, les deux dernières éditions répondaient à la question : Comment les ONGS peuvent apporter leurs contributions pour stimuler la croissance économique afin de faciliter le renforcement des institutions locales ou Régionales;

En conclusion, durant ses 5 années d’existence, les activités de B.R visaient à faire émerger des citoyens des idées à soumettre aux gouvernants et aux législateurs. B.R. est une plateforme ouverte à tous les citoyens et à tous les courants d’idées susceptibles d’interpeller chaque citoyen. Pour les prochaines années, B.R. compte consolider toujours les idées collectées pour parfaire la gouvernance du pays et améliorer la manière de débattre dans le pays. D’ores et déjà, en tant que laboratoire d’idées, les prochains événements concoctés concernent des grands sujets nationaux: .

  • Comment rendre fortes les institutions de la République: B.R. œuvrera pour l’avènement de la Vème République qui reprend les idées et les aspirations citoyennes formulées durant les différents échanges et consultations qu’elle a organisés. Elle sera une force de proposition pour une nouvelle Constitution qui ne sera pas faite sur mesure dans l’intérêt des minorités ou d’un président élu. Cette constitution sera soutenue par des institutions de la République fortes et cohérentes capables de gérer efficacement les conflits inhérents dans une société. Entre autres, cette nouvelle constitution dispose dans ses articles le principe d’un mandat présidentiel unique de 7 ans afin d’éviter les crises répétitives, favoriser le renouvellement politique et encourager les relèves. 
  • Comment améliorer le dialogue entre les dirigeants et les citoyens et promouvoir la redevabilité des dirigeants: l’équilibre des institutions étatiques est important pour B.R. Ainsi, B.R. va capitaliser les meilleures pratiques pour être force de proposition sur comment les institutions se contrôlent en termes de redevabilité et enfin sur l’obtention d’un  degré élevé d’implication du public dans le processus politique.
  • Par ses actions sur terrain, B.R. va agir au niveau local et régional pour la croissance économique du pays, qui est une condition nécessaire pour la réduction de la pauvreté. Cette croissance économique ne peut toutefois prospérer que dans des pays où règnent la sécurité,  la stabilité et une bonne gouvernance. Ainsi, cet effort est tributaire des institutions solides citées précédemment. 

Bâtir la République tient à remercier tous les panélistes et intervenants qui ont apporté leurs lumières durant ses 5 années d’existence. Nous tenons à rendre un hommage particulier aux feus  Dany Be, photographe, et Vahömbey Rabearison, Ingénieur Culturel et Mpanandro, exposants et panélistes lors des débats organisés par B.R.